Mémorial pour les victimes de la COVID-19
Depuis fin mars, un mémorial pour les victimes de la pandémie de COVID-19 prend forme au centre-ville de Londres. Au final, ce sont 150 000 coeurs, peints à la main, qui s’étireront le long de la Tamise. Un pour chaque vie perdue.
Un coeur pour une vie
La genèse de ce mémorial commence avec un certain Matt Fowler, qui a perdu l’année dernière son père atteint du coronavirus. C’est lui qui a pris l’initiative de peindre les 15 000 premiers coeurs sur le mur qui longe l’hôpital St Thomas, situé en face de Big Ben.
Chaque cœur représente quelqu’un qui était aimé. Quelqu’un qui est parti trop tôt à cause de la pandémie. Fowler n’avait pas anticipé l’engouement populaire qu’il allait engendrer.
Depuis plusieurs jours, des bénévoles, des familles endeuillées, mais aussi de simples passants se relaient pour dessiner un à un des coeurs de couleur vive. Le résultat final ressemblera à une fresque de 500 mètres de long reliant le Westminster Bridge au Lambeth Bridge.
Une campagne de crowdfunding a été lancée pour permettre de financer les feutres, équipements et signalisations. Plus de 10 000 £ ont déjà été récoltés.
La fresque a été démarrée de manière spontanée sans autorisation des autorités. Mais, face au succès de la démarche, une réflexion est en cours pour rendre le mémorial permanent.
150 000 ?
Alors, quand on lit le chiffre de 150 000 victimes, ça donne le tournis. Surtout qu’il ne correspond pas aux données divulguées par le gouvernement et donc véhiculées dans les médias.
Selon les statistiques officielles, la pandémie a fait un peu moins de 127 000 victimes au Royaume-Uni. Mais ces chiffres ne comprennent que les personnes qui sont décédées dans les 28 jours suivant un test positif. Si l’on compte tous les défunts ayant le virus pour cause de la mort sur leur certificat de décès, le nombre est bien d’un peu plus de 150 000.
Depuis l’allègement des restrictions ici, je sais que notre situation fait des envieux. Mais si la politique de vaccination est un franc succès, il ne faut pas oublier la gestion calamiteuse de la crise en 2020, qui a conduit le pays au bilan humain le plus lourd d’Europe. Face à la pression populaire, Boris Johnson a d’ailleurs promis une enquête publique sur la gestion de la pandémie.
Se souvenir pour regarder vers l’avenir
Ça peut paraître surprenant de créer un mémorial maintenant. La pandémie est toujours en cours, et chaque jour, des dizaines de personnes continuent malheureusement de mourir du coronavirus. Autant de coeurs qui s’ajouteront dans les semaines et mois à venir.
Mais je crois qu’après plus d’une année à vivre chacun de son côté, on peut sentir le besoin des gens de se souvenir, ensemble. Et peut-être aussi de commencer à tourner la page.
Au premier abord, je trouve le résultat très graphique. Et puis, quand on réalise que chaque coeur correspond à une personne, c’est assez glaçant. Ça m’a rappelé à quel point je suis chanceuse de n’avoir personne à représenter sur ce mur.
