Buckingham Palace
Expatriation

Ce qu’il se passe lors d’un décès royal

Le prince Philip, duc d’Édimbourg, s’est éteint le 9 avril dernier à l’âge de 99 ans. Plusieurs personnes m’ont demandée comment cette disparition était vécue ici, et comment elle nous a impactés. Voici la réponse !

Opération Forth Bridge

forth-bridgeJe vous en avais déjà parlé l’année dernière dans mon article au sujet de la BBC d’Oxford. Chaque décès d’un membre sénior de la famille royale est associé à un nom de code. C’est à chaque fois un nom de pont.

Pour le prince Philip, c’est Forth Bridge. Ce pont ferroviaire est localisé en Écosse (nous étions passés devant lors de notre road trip), et c’est bien sûr un clin d’oeil à son titre de duc d’Édimbourg.

Les noms de code pour les décès royaux ont été initialement introduits pour empêcher la nouvelle de fuiter avant l’annonce officielle. Cependant, la plupart des projets funéraires royaux existent depuis si longtemps que les noms de code sont devenus notoires.

À chaque nom correspond un protocole particulier à suivre, en commençant par les procédures entourant l’annonce au Premier ministre, à la BBC, puis à la nation. Dans le cas présent, à partir du 9 avril, le pays est entré dans une période de deuil national, et ce jusqu’au jour des funérailles (soit 8 jours en tout).

Passage au noir

C’est la BBC qui a donc annoncé la mort du duc au public, en interrompant ses programmes par une page noire intitulée News report.

Peu après l’annonce du décès, la BBC a tout déprogrammé pour diffuser simultanément plus de 24h d’émissions sur le duc d’Édimbourg. Fun fact, ils ont dû mettre un formulaire en ligne pour traiter la vague de plaintes. En effet, nombre de  téléspectateurs étaient ulcérés de voir leurs programmes coupés pendant aussi longtemps. Il faut dire qu’à cette période, à part se vautrer devant la télévision, il n’y avait pas grand-chose à faire. Le déconfinement en était à ces débuts et tout était encore fermé dans le pays. La BBC a reçu 110 000 plaintes au total, un record !

À partir de l’annonce officielle, une vague de noir a envahi le pays. Les présentateurs de la BBC ont par exemple changé leurs vêtements, nombre de panneaux publicitaires ont fait une pause entre deux promotions de crème hydratante, les taxis noirs londoniens se sont alignés sur The Mall, la route qui relie Trafalgar Square à Buckingham Palace… Les drapeaux dans l’ensemble du pays ont aussi été mis en berne.

Pas touche à la Couronne

Madame TussaudsOn peut se demander pourquoi autant de pataquès autour du décès de quelqu’un qui avait un rôle uniquement symbolique dans le pays. Mais les Britanniques sont en grande majorité attachés, voire très attachés à la Couronne.

La reine Élisabeth II, dont la longévité du règne a explosé tous les records (69 ans), représente le symbole de la stabilité au Roayume-Uni. Et son défunt mari, Philip, représentait en quelque sorte le pilier de sa stabilité à elle.

Une journauxQuand je lis ce qu’ont posté les Anglais que j’ai en contact sur les réseaux sociaux, ou encore en discutant avec mes collègues, la mort du duc leur a fait un coup. Pour eux, c’est un peu une page de l’histoire du pays qui se tourne.

Et quand on voit l’hommage unanime rendu dans les unes de presse, on sent bien que même si la monarchie est parfois critiquée ou moquée, la Couronne a toujours une place de choix dans le coeur des Britanniques.

Répercussions sur mon entreprise

Quand l’annonce est tombée le vendredi, ni moi ni ma manager n’avons vraiment réalisé comment nous allions être impactés. Il faut dire pour elle, Polonaise, et moi, Française, la monarchie est plus sujet d’amusement qu’autre chose.

Réseau social

Mais au cours de l’après-midi, j’ai commencé à réaliser à quel point ce qui se passait était important. Sur les réseaux sociaux, les entreprises/partenaires que je suis ont commencé à s’agiter. Transformation de leur logo en noir et blanc, publications d’hommages et de messages de condoléances…

Bon, du coup, on a fait pareil un peu en catastrophe juste avant le weekend ! Personne ne pourrait nous reprocher d’en avoir trop fait, alors que l’inverse n’est pas tout à fait vrai.

Mais ça, ce n’était que le début des ennuis. Nous avons reçu un email du Groupe nous conseillant de décaler toutes nos campagnes publicitaires pour respecter le deuil national. Donc, en clair, j’ai dû déplacer toutes nos communications non essentielles prévues pour la semaine suivante, réorganiser/reformuler nos publications sur les réseaux sociaux, coordonner les changements avec chacun… Bref, un bonheur !

Un moment historique, mais pas pour tout le monde

windsor-castleLes funérailles ont été organisées hier le 17 avril, en petit comité en raison de la pandémie. Plus de ??? millions de téléspectateurs ont suivi la cérémonie en direct du Windsor Castle à la télévision, c’est juste énorme.

Mais bon, dans cet article je veux quand même relativiser. Contrairement à ce que peuvent parfois laisser entendre les médias, le pays ne s’est pas non plus mis en pause avec le décès du duc.

Nous étions hier à Londres, dans le quartier bondé de Portobello Road (j’en parlerai dans un prochain article). À 15h, au moment de la minute nationale de silence marquant le début des funérailles, nous étions entourés de centaines de Britanniques. Et je peux vous assurer que leur unique préoccupation était la même que la nôtre, à savoir se goinfrer de street food.

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