Pourquoi rentrer en France, c’est pas encore gagné

Quand est-ce que vous revenez passer quelques jours en France ? On m’a tellement posé la question ces dernières semaines que je me suis dit que ça valait bien un article. La réponse est assez simple, nous n’en avons pas vraiment le droit pour l’instant, et ce n’est pas près de changer.

Point COVID

Pour commencer, je veux juste souligner que la situation sanitaire ici est globalement très positive. Nous avons « seulement » autour de 2 000 cas testés positifs chaque jour. Le nombre de décès liés au COVID-19 stagne à un plateau bas (6 morts hier par exemple). Près de 38 millions d’habitants ont déjà reçu une première dose de vaccin et plus de 22 millions de personnes sont totalement vaccinées. En ce moment, les Anglais âgés de 32-33 ans sont appelés à se faire vacciner, donc ce sera très bientôt à notre tour.

Source : https://coronavirus.data.gov.uk

Le pays continue son plan de déconfinement comme prévu. Le 17 mai a marqué une étape importante avec la réouverture de quasiment tout : cinémas, théâtres, musées, hôtels, service à l’intérieur pour les restaurants. Depuis cette date, les voyages internationaux sont aussi à nouveau autorisés.

Mais, parce que oui il y a toujours un “mais”, ça ne veut pas dire pour autant que nous pouvons rentrer en France.

Un système de classement à trois couleurs

Le gouvernement a dévoilé officiellement son « traffic light system » début mai.

Concrètement, les pays sont classés dans trois listes différentes en fonction de leur situation sanitaire : verte, ambre et rouge. La catégorisation prend en compte différents paramètres tels que l’avancée de la vaccination, le taux d’infection ou encore la circulation des variants.

Il est uniquement possible de partir en vacances dans les destinations classées dans la « green list ». Le problème, c’est que cette liste ne contient que 12 pays…

Green list

Les heureux élus sont le Portugal, Gibraltar, les îles Féroé, les Açores, Israël, Madère, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, Singapour, l’Islande, Brunei et les îles Falkland. Pour y aller, il faut tout de même faire deux tests PCR, un avant de partir et un en revenant.

Sachant qu’ici, si les tests sont gratuits de manière générale, ils sont payants pour voyager puisqu’il faut passer par des laboratoires privés. Et quand je dis payant, c’est en moyenne 120 £ par test. À raison de deux tests par personne, je vous laisse calculer le montant exorbitant que ça représente…

Amber list

Cette liste rassemble la grande majorité des pays, dont la France. Il n’est pas légalement interdit d’y partir en vacances. Cependant, le gouvernement demande de ne pas y aller à moins d’avoir une raison dite « essentielle » (travail, impératifs familiaux, raisons de santé…) Donc on va dire que techniquement on pourrait venir, mais tout est mis en place pour nous dissuader. Voyager dans un pays classé en ambre implique de faire trois tests PCR (un avant de partir, un à J2 après le retour et un à J8). À celà s’ajoute au retour l’obligation de s’isoler chez soi pendant 10 jours. Bref, c’est tout simplement ingérable, tant du point de vue financier qu’organisationnel.

Red list

Dans cette liste sont rassemblés les pays où il faut éviter à tout prix d’aller, tels que l’Inde ou le Brésil. D’ailleurs, les voyageurs en provenance de ces pays qui n’ont pas la nationalité ou leur résidence au Royaume-Uni sont interdits d’entrée sur le territoire. Pour les Britanniques, y voyager implique de prévoir trois tests PCR. Mais il faut en plus faire une quarantaine de 10 jours au retour dans un hôtel agrée, ce qui coûte la bagatelle de 1 750 £ par personne.

Voyager, mais à quel prix ?

Voilà, je pense que vous l’avez compris, quitter notre île s’avère être très compliqué. Le gouvernement a annoncé qu’il réétudiera ce classement toutes les trois semaines. Il n’a pas non plus exclut de faire des changements en urgence si la situation épidémique d’un pays se dégrade significativement. Ce qui rend très difficile de planifier quoi que ce soit.

Idéalement, nous aimerions rentrer en France mi-juillet. Nous croisons donc les doigts que, d’ici là, la situation sanitaire s’améliore suffisamment pour faire passer le pays en vert. Il y a aussi la question du prix des tests privés qui sont censés baisser, alors on attend de voir.

Malheureusement, l’actualité des derniers jours ne permet pas d’être très optimiste.

Le variant indien qui joue les trouble-fêtes

L’inquiétude monte depuis quelques jours face à l’augmentation des contaminations par le variant indien. Le gouvernement n’exclut pas de décaler la dernière étape du plan de déconfinement initialement prévue au 21 juin. De potentiels reconfinement localisés seraient même dans les tiroirs dans le cas où le variant continuerait sa progression… Alors, autant dire que donner la liberté aux habitants de voyager plus largement n’est pas vraiment la priorité principale.

Sans compter que je ne parle que des restrictions mises en place ici. Rien ne nous dit que d’autres pays ne vont pas suivre l’exemple de l’Allemagne et refuser l’accès à leur territoire aux voyageurs en provenance du Royaume-Uni.

Ne rien prévoir pour ne pas décevoir

Bref, je n’ai aucune idée de quand il sera possible pour nous de revenir en France. Je préfère être plutôt pessimiste et avoir la bonne surprise de pouvoir rentrer comme prévu cet été. J’ai trop peur d’être déçue, et de décevoir ceux qui nous attendent.

Alors on prend notre mal en patience, et on profite de nos libertés retrouvées. On ne peut peut-être pas quitter notre île, mais ici on peut au moins avoir un semblant de vie normale.

Prenez bien soin de vous ♥.